UNIR POUR DEVELOPPER

UNIR POUR DEVELOPPER

Helena Petrovna Blavatsky

Maîtres Spirituels De l'Occident
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1. – Helena Petrovna Blavatsky
et le mouvement théosophique
Cette messagère des maîtres spirituels, à l'âme de Bouddha, était surnommée le "sphinx du XIX° siècle". Avec son don pour les phénomènes parapsychologiques, elle fascinait ses contemporains, amis et critiques des camps les plus divers, mais s'exposait aussi à toutes sortes de soupçons et d'accusations et endossa les calomnies les plus graves. Elle le faisait avec la conscience, avant tout, de se mettre au service d'une cause dont "d'autres", c'est-à-dire les "Maîtres de la sagesse" et les adeptes d'une connaissance cachée, l'avaient chargée. Jamais ces "phénomènes" tant de fois décrits par des contemporains et des biographes, n'étaient une fin en soi. H. P. Blavatsky les utilisait parce qu'elle savait que c'est par des "signes et des miracles" que certains matérialistes et rationalistes invétérés pouvaient parfois être amenés à réviser leur système conceptuel étroit. Quoiqu'il en soit, il est certain qu'elle ne voulait pas se faire passer pour une faiseuse de miracles ou une illusionniste, même si certains, saisis d'étonnement, la considéraient comme telle.

Bien que cette femme hors du commun jusque dans son apparence extérieure ait été jugée extrêmement positivement par ses contemporains directs, elle donnait l'impression d'être une "personnalité équivoque". En termes clairs, dans le cas de H. P. Blavatsky, cela signifie qu'elle était une femme dont l'apparence extérieure et l'attitude non conventionnelle, contrastaient incroyablement avec son intériorité, sa spiritualité, sa moralité et son amour pour les hommes. Ce point n'a été que trop rarement compris. Le fait est donc qu'une impression dominante de négativité est éveillée et colportée chez ceux-là même dont on aurait pu s'attendre à une meilleure appréciation du rôle qu'elle a joué dans l'histoire de la spiritualité. Or madame Blavatsky mérite justement d'être reconnue dans ce qu'elle a signifié de positif, avant d'être clouée au pilori pour ses défauts et ses faiblesses incontestables. Encore faut-il reconnaître l'existence du soleil avant de vouloir parler de tache solaires... Une chose est certaine, l'effet Blavatsky est loin de s'estomper. Au contraire, le nom de "H. P. B.", comme ses partisans ont coutume de l'appeler, conserve une résonance "magique" et reste indissociablement lié à l'histoire de l'ésotérisme moderne. De même, il est clair que louange et blâme, vénération et rejet semblent, hier comme aujourd'hui, se manifester avec une égale force dès qu'il est question de la vie et de l'œuvre de madame Blavatsky. Cette femme avait été destinée, par ses mystérieux inspirateurs ou "Maîtres", à fonder, avec le mouvement théosophique, une fraternité mondiale, au-delà des barrières que le dogmatisme au rationalisme étriqué de la science positiviste, de la théologie et de l'église, avaient édifiées en leur siècle. Pour une telle entreprise de rébellion contre les institutions les plus respectables et les normes sociales considérées comme intangibles, il fallait un courage exceptionnel, au moins le courage d'une femme dont on se défiait. Il fallait une personne prête au sacrifice de soi, et cela en ces temps douteux de l'ère victorienne !

Mais un être humain est-il en droit de s'en remettre autant à la conduite spirituelle et psychique des "Invisibles" que le faisait H. P. B. pour remplir sa mission existentielle hors du commun ? Ou bien le fait de faire confiance aux puissances d'un monde suprasensible dispensatrices d'impulsions force-t-il l'admiration? Et qu'est-ce qu'au fond que la théosophie quand madame Blavatsky en parle comme de la "mer infinie de la vérité, de l'amour et de la sagesse universels" dont elle voit un reflet dans la Société théosophique? Avant d'en parler, une mise au point est nécessaire, car il convient de distinguer entre d'une part la "théosophie" traditionnelle et d'autre part l'enseignement et la société de même nom créés par H. P. Blavatsky.

La théosophie traditionnelle

Dans son sens premier et général, la théosophie (du grec sophia tou theo) est "sagesse de Dieu". Contrairement à la théologie, dont la démarche est rationnelle et scientifique et qui étudie les contenus religieux surtout par la pensée, la théosophie est fondée sur l'inspiration et la vision spirituelle. Dans son interprétation christique, elle est une sagesse prodiguée par Dieu, quelle que soit l'image que se font respectivement de Dieu les théologiens et les théosophes. En principe, tout ce qui existe est empli de cette sagesse divine. Elle est (d'après Jakob Böhme) la "parole exprimée de Dieu". Cette parole, qui émane du mystérieux fondement divin d'où procède la création et la manifestation, précède Dieu. Les théosophes de cette obédience sont "emplis du désir d'exprimer leur conviction religieuse – chrétienne en l'occurrence – en accord avec la vie, et de la fonder autant que possible sur la connaissance. La théosophie ne se contente pas de ce que la philosophie, la métaphysique et la théologie osent énoncer au sujet de Dieu, du monde et de l'homme ; elle veut, en partant de la foi, s'élever à des formes supérieures de contemplation de la vérité" (Adolf Köberle [1]). Plus que la théologie, qui s'appuie sur les Écritures saintes, telles que la Bible, et sur la tradition de l'Église, la théosophie est déterminée par l'expérience. Elle présente, par ailleurs, des correspondances étroites avec la gnose et la mystique et (dans un sens élargi) avec les domaines de l'ésotérisme en général. Ce sont des domaines d'expérience et de connaissance, des ensembles d'idées et de formes qui se recouvrent en grande partie et en tout cas se touchent. Toujours, il s'agit d'interpréter l'univers, la terre et l'homme à partir d'une vision théosophique globale puis de les comprendre dans leur évolution et leur transformation. Tout comme la gnose et la mystique, la théosophie n'est pas non plus liée à une religion en particulier ou à une époque donnée de l'histoire. Bien plutôt, la Tradition se perpétue à travers les millénaires selon des lignes de force qui, par exemple dans le cas du christianisme, partent de l'époque des Évangiles, se prolongent jusque dans le présent et pointent vers l'avenir. Il en va de même pour les grandes religions de toutes les époques. [2]

Dans le monde occidental, des efforts ont été déployés de tous temps pour accéder à la connaissance théosophique, au sein du christianisme mais aussi en dehors, dans la kabbale juive par exemple. Au sein et en marge des églises constituées, de tels efforts s'observent aussi postérieurement à la réforme, dans le protestantisme avec des représentants tels que Jakob Böhme, Emanuel Swedenborg, Friedrich Christoph Œtinger et Michael Hahn, et dans le catholicisme avec entre autres Karl von Eckhartshausen et Franz von Baader[3] Le mouvement rosicrucien, la kabbale et la franc-maçonnerie, régulière et irrégulière, avec leurs liaisons secrètes ou leurs allures de secret, innervent les paysages spirituels d'Europe. Des pays comme la France, l'Angleterre ou la Russie ont leur propre histoire de la théosophie et de l'ésotérisme. En Allemagne, jusqu'à l'époque de Goethe, [4] les spéculations théosophiques imprégnaient la conscience de la bourgeoisie attachée à la défense de la culture classique et inspiraient cette recherche sur la nature et sur l'esprit, qui peut, avec R. Steiner, être qualifiée de "goethéanisme [5].

En revanche, la théosophie – anglo-indienne, devrait-on dire – de H. P. Blavatsky et de ses successeurs, se distingue de manière caractéristique de celle qui s'était développée sur la base du christianisme et de la mentalité occidentale. Cela se voit déjà à la manière dont, chez madame Blavatsky, la spiritualité chrétienne est mêlée à la spiritualité religieuse et philosophique de l'Orient pour retrouver le "noyau de spiritualité" commun à toutes les religions.

En rupture avec les conventions bourgeoises

Helena Petrovna Blavatsky est d'origine russe. Elle est née le 12 août (le 31 juillet d'après l'ancien calendrier) 1831 dans la ville d'Iekaterinoslav sur le Dniepr (plus tard appelée Dniepropetrovsk). Son père, Pierre Alexejevic von Hahn (1798-1873), capitaine de l'armée tsariste, appartenait à l'ancienne lignée de comtes mecklembourgeois von Hahn-von Rottenstern tandis que les ancêtres d'Helena Andrejevna (1817-1842) du côté de sa mère, faisaient partie de la grande noblesse russe.
Helena Petrovna Blavatsky
(1831-1891)
La vie familiale était mouvementée, dans la mesure où la mère devait souvent aller en cure et où le père, fréquemment muté, imposait à la famille des déménagements répétés. Depuis Saratov, où les Hahn vécurent jusqu'au printemps 1847, H. P. B., alors à peine âgée de quatorze ans, fit, pendant l'hiver 1845/46, son premier grand voyage, quand son oncle l'emmena à plus de 2000 kilomètres vers l'est, dans la ville sibérienne de Semipalatinsk. Ce voyage mérite d'être mentionné parce qu'il a sans doute été l'occasion pour Helena d'éprouver de premières impressions en lien avec ses centres d'intérêt. Elle même y fait allusion dans un récit ultérieur:
Avec mon oncle, qui possédait des propriétés en Sibérie, j'ai visité Semipalatinsk, les montagnes de l'Oural et les régions frontalières de la Mongolie où vivent les lamas Harachin, et j'ai entrepris de nombreuses excursions de l'autre côté de la frontière. Avant l'âge de quinze ans, je savais tout sur les lamas et les Tibétains... [6]

Cette affirmation peut paraître présomptueuse. Mais il est vrai que la bibliothèque du grand-père renfermait certains écrits mystiques, ésotériques et théosophiques avec lesquels Helena se familiarisa en grandissant. Cette information est donc importante pour comprendre le destin qui l'attendait. D'ailleurs, il est connu que dès le début du siècle, l'on se procurait, dans les milieux du tsar, des écrits mystiques, parmi lesquels des livres de Jakob Böhme, Emanuel Swedenborg, L. C. de Saint Martin, H. Jung-Stilling, etc.

A peine âgée de dix-huit ans, Helena reçut son nom de H. P. B. en épousant un fonctionnaire plus âgé qu'elle de vingt-deux ans, nommé N. V. Blavatsky. La jeune femme se conformait en cela au désir de la famille et de la société, mais déjà quelques mois après son mariage, à l'automne 1849, elle quitta précipitamment, dit-on, son mari, à dos de cheval, afin d'être dispensée de toute autre forme de tutelle. Une rebelle contre toutes les conventions sociales était née. Ce fut le début d'un grand périple qui devait durer un quart de siècle. Helena dirigea ses premiers pas vers Constantinople. Le père finança les années d'apprentissage et de voyage de la jeune globe-trotter en lui versant régulièrement des subsides pour autant que les lieux de séjour souvent changeants de sa fille, lui étaient connus. En effet, nous ne possédons pas de données fiables sur de longues périodes de cette phase de sa vie. C'est pourquoi ses biographes [7] doivent souvent se contenter de descriptions elliptiques sans pouvoir vérifier toutes les indications contradictoires, provenant en partie d'elle-même, ou les informations fournies par des tiers et obtenues à la faveur de recherches ultérieures. Or ces années comprises entre 1849 et 1873, qui l'amenèrent jusque loin dans le milieu de sa vie, furent justement d'une grande importance pour la future théosophe.

Il est question de voyages à travers la Grèce, l'Egypte et l'Asie mineure, en 1851 de séjours à Paris et à Londres. Un carnet de notes de ces années évoque un événement important qui doit être placé dans le contexte général du développement occulte et spirituel de H. P. Blavatsky. Nous y lisons: "Nuit mémorable! Ce fut en cette nuit du 12 août 1851 à Ramsgate, que je rencontrai à la lueur de la lune couchante M., le Maître de mes rêves." Ces rêves et ces visions devaient déjà avoir commencé dans sa patrie russe. H. P. B. indique avoir eu la vision de ce ou ces maîtres mystérieux dans son enfance.

D'autres étapes ont lieu sur le continent américain, au Canada, au Mexique, en Amérique du sud. De là, ses traces nous conduisent en Inde (1852), à Londres (1853), à New York, Chicago et San Francisco (1854). Dans les années qui suivent, il est question de séjours en Inde, même au Tibet, à Java, puis à nouveau en France, en Angleterre, en Allemagne, ainsi que d'une escale prolongée en Russie, avec quelques interruptions. Dans la période qui suivit, cette femme toujours en mouvement poursuivit ses pérégrinations ; cette fois dans les Balkans et les Carpates, en Grèce, en Egypte et en Italie où elle aurait été témoin d'une bataille, le 2 novembre 1867. En 1872, elle aurait fondé au Caire une société spirite. A cette époque, H. P. B. maîtrisait sans doute depuis longtemps ses facultés occultes déjà apparues dans sa jeunesse, qui la rendaient capable de produire ces phénomènes par lesquels elle devait attirer l'attention sur elle. Une chute de cheval, suivie d'une grave blessure à la colonne vertébrale et une maladie qui aurait pu être mortelle marquèrent cette époque entre 1862 et 1865. On ne se trompera pas en supposant que ces événements auront provoqué un changement dans la disposition d'âme et d'esprit de la jeune femme, qui se rapprochait du milieu de sa vie. Prédisposée de la sorte à la mission qui était la sienne, H.P.B. semble à partir de ce moment avoir été particulièrement ouverte à la réception de messages et d'instructions qui selon ses propres dires lui étaient transmis par son maître spirituel, ou par les "Maîtres". Ici, il faudra se contenter de constater que ce terme n'a pas toujours un sens univoque: les Maîtres désignent tantôt l'instance spirituelle inspiratrice, source de l'impulsion qui a déterminé sa vie et son œuvre, et qui a notamment rendu possible la rédaction de ses volumineux ouvrages ; et tantôt, lorsqu'ils sont nommément cités, des êtres humains réels, instructeurs spirituels de l'Inde ou lamas tibétains. Et en ce qui concerne par exemple les "lettres de Maîtres" qui réapparaissent constamment dans la vie de H. P. B., on ignore s'il s'agit d'un courrier apporté par la poste ou de textes qu'elle aurait écrits elle-même – par la voie, par exemple, de l'écriture automatique. Qu'elle en fût capable ne fait aucun doute. Elle pouvait de sa propre volonté faire venir de telles lettres. Le fait de savoir, avec certitude, qu'elle avait reçu aussi des textes de cette nature en provenance d'un niveau de réalité différent et supérieur, a dû être déterminant pour elle. C'est pourquoi il est évident que ceux de ses compatriotes à qui de telles productions de l'inconscient paraissaient impossibles, ne pouvaient qu'y voir de l'imposture ou de grossières et trompeuses manœuvres. Quoiqu'il en soit l'origine de ces textes ne change rien à la réalité de son activité, par exemple d'"auteur". Ceux qui considèrent qu'il n'existe pas de "Maîtres", c'est-à-dire pas de réalité spirituelle, sont certainement obligés de voir dans les "lettres de maîtres" un charlatanisme de bas étage, quoique difficile à percer à jour. Tel est l'argument avancé par ceux qui défendent son point de vue. [8]

Création de la Theosophical Society

Toujours en voyage, H. P. B. avait déjà dépassé la quarantaine sans encore savoir quelle était la véritable mission de sa vie. Depuis des années, elle était consciente d'être chargée d'une mission et de recevoir des instructions ("orders") concrètes. C'est en obéissance à l'une de ces instructions qu'elle arriva à New York City, le 7 juillet 1873.
Helena Petrovna Blavatsky (1831-1891) et Henry Steel Olcott (1832-1907), deux des fondateurs de la Société Théosophique, que l'on voit sur cette photo prise en 1868.
Mais il ne faut pas se représenter Madame (en français dans le texte (NdlT) comme une femme vivant sur un grand pied. A la mort de son père, les subsides financiers cessèrent d'arriver. Durant les premières semaines de son séjour à New York, elle vécut dans des conditions misérables, subvenant chichement à ses besoins grâce à des travaux occasionnels. Puis elle écrivit ses premiers articles de journaux, préludes à son activité de journaliste, d'éditrice de revues et d'auteur de livres célèbres.
A l'époque où madame Blavatsky arriva aux États-Unis, pays dont elle devint citoyenne en 1878, ce qu'on appelait alors le spiritualisme et le spiritisme était très en vogue. Cette mode avait d'ailleurs même gagné l'Europe et la Russie. On cherchait à remplir le vide spirituel que le matérialisme avait sauvagement creusé et que les religions traditionnelles ne parvenaient pas à combler, en organisant des séances de spiritisme, en conjurant les "esprits", en interrogeant les "morts", etc. On cherchait à découvrir les manifestations extraordinaires d'un monde soi-disant "spirituel" à travers les révélations des médiums. En cette époque douteuse, deux frères, William et Horace Eddy, de la ville de Chittenden, dans l'État du Vermont, faisaient beaucoup parler d'eux. Ces deux hommes fascinaient par leurs pouvoirs médiumniques. Parmi les investigateurs qui menaient pendant des jours, voire des semaines, leurs recherches dans cette "maison du mystère", se trouvaient des personnalités aussi considérées que l'avocat Henry Steel Olcott (1832-1907). Colonel de la guerre civile américaine, il avait aussi été l'un des trois juristes choisis pour enquêter sur l'assassinat du président Abraham Lincoln.

"Olcott était amoureux des esprits", constata H. P. B. au sujet de sa nouvelle connaissance. Ils s'étaient rencontrés dans la maison hantée des frères Eddy. Mais alors que le Colonel se satisfaisait de phénomènes parapsychiques, de pures "apparitions d'esprits" dont il rendait compte dans la presse, H. P. Blavatsky s'était forgé une autre vision des choses. Depuis son enfance, elle connaissait d'expérience cette sorte de phénomènes, tels qu'ils se manifestaient à Chittenden et dans d'autres lieux aussi. Elle avait toujours étonné sa famille, en produisant, quand elle le voulait, des tapements, des sons de cloche et autres bruits de ce genre, sans que personne ne pût s'expliquer pareilles farces. Entre-temps, les facultés d'Helena s'étaient développées et, depuis sa liaison avec les maîtres occultes, avaient acquis une nouvelle signification. Elles n'étaient plus une fin en soi.

Sa rencontre avec Olcott, elle s'en rendait bien compte, n'était pas un hasard. On lui avait demandé de se rendre à Chittenden et de démasquer ce dangereux occultisme de bas étage qui induisait en erreur. C'est cela qu'elle voulait faire clairement apparaître. Son but était avant tout de signaler l'existence du monde spirituel en tant que tel et de faire connaître à des personnes telles qu'Olcott une philosophie qui s'inspirait de la spiritualité orientale et rendait justice à l'esprit. Cela ne pouvait avoir de sens de se comporter en matérialiste dans le style de l'époque et de greffer sur ce comportement des représentations d'esprits défunts.

Ainsi, l'attention de Blavatsky pour les agissements des spiritualistes ne pouvait être que de courte durée. Le spiritisme et la médiumnité n'étaient pas pour elle une fin en soi mais tout au plus des lieux de découverte d'une nouvelle conception du monde pénétrée de vie spirituelle (cosmologie et anthropologie). Elle se disait: le monde n'est pas encore préparé à renverser l'image qu'il se fait de la réalité et à la remplacer par une nouvelle image, intégrant la dimension spirituelle. C'est pourquoi il convient de procéder par étapes, en tenant compte du niveau de compréhension des hommes. Elle alla jusqu'à contribuer, au début, à produire elle-même certains phénomènes... (soi-disant) pour faciliter les choses. De toute évidence, elle obéissait en cela aux instructions de ses donneurs d'ordre qui, quels qu'ils fussent, agissaient en secret. [9]

L'impulsion pour la création d'un mouvement indépendant, poursuivant des buts spirituels, allait bientôt être donnée. En effet, en quelques mois, un groupe de personnes partageant les mêmes idées se constitua. C'étaient les premiers membres du nouveau mouvement en formation. Dans l'un des blocs-notes de H. P. B. datant de juillet 1875, on trouva sur la question l'indication suivante:
Reçu directement d'Inde l'instruction de fonder une société philosophique et religieuse, de lui trouver un nom et de choisir Olcott (à cet effet). [10]

La mission commençait à prendre tournure. Il ne fallut pas longtemps pour qu'Olcott, qui avait été choisi pour cofondateur en raison de ses compétences, parla comme si cela venait de lui-même, de la mission pour laquelle ces maîtres indiens l'avaient élu, alors que rien ne lui aurait été communiqué sur la question. A l'occasion de la conférence d'un certain Georg Felt, le 7 septembre 1875, il eut comme par hasard l'idée de créer une "Société" qui aurait justement à s'occuper de ce qui intéressait madame Blavatsky et d'autres depuis un certain temps. Une approbation spontanée ne manqua pas de se manifester. Le 17 novembre, tout fut prêt. La Société se créa avec Olcott comme président. Le secrétaire était un avocat d'origine irlandaise, William Q. Judge (1851-1896) et H. P. Blavatsky la secrétaire. Dès le début, il fut établi qu'il s'agirait beaucoup plus, en ce qui la concernait, d'une contribution au niveau du contenu et non de la réalisation de tâches organisationnelles. On s'était déjà suffisamment convaincu de ses facultés occultes exceptionnelles. De nouvelles preuves allaient continuellement en être données au fur et à mesure. Madame Blavatsky devait évidemment veiller à doser les manifestations de son "savoir-faire" si elle voulait que ces divers "phénomènes" restent des outils au service de sa véritable mission spirituelle.

H. P. Blavatsky avait constaté chez elle un changement important au plan psychique et spirituel. Elle en informa minutieusement sa sœur Véra qui vivait à Odessa. Plus importante encore que sa grave blessure à la jambe – guérie, semble-t-il, par son "instructeur hindou" juste avant l'amputation prévue – était l'observation selon laquelle elle se sentait parfois, à partir de ce moment, comme étrangère à elle-même, comme si elle était alors quelqu'un d'autre, un "second Moi" (the second Me) en quelque sorte, un "Numéro 2", c'est-à-dire une personnalité disposant d'un bien plus grand savoir que le sien propre, à elle, l'Helena Petrovna concrète, telle qu'elle était connue de son entourage et aussi de sa sœur. Elle remarqua par exemple que ce second Moi décrivait des situations ou des lieux qu'elle était certaine de n'avoir jamais rencontrés dans sa vie réelle. Et pendant la nuit, elle avait pour ainsi dire toute la biographie de ce "Numéro 2" devant son œil intérieur. Elle était persuadée que ce phénomène n'était pas à mettre sur le même plan que la médiumnité connue de tous. Elle prenait clairement conscience de ce qui lui arrivait lorsque par exemple son instructeur hindou apparaissait journellement devant ses yeux, "éthérique et transparent", donc pas sous la forme d'une individualité incarnée. Ainsi écrivait-elle à sa sœur: "Ce n'est pas moi qui parle ou écris mais un quelque chose en moi, mon être supérieur et lumineux (my higher and luminous selfi qui pense et écrit pour moi..." [11]

Si ses proches parents auxquels elle se confiait avaient craint par moment que leur sœur ou nièce ait perdu la raison, ils devaient à présent avouer qu'il s'agissait de tout autre chose. Mais de quoi? Il était clair, par exemple pour la tante Nadya qui vivait elle aussi en Russie, qu'Helena disait des choses qu'elle n'a jamais pu apprendre. Ce qui était une manière d'indiquer que H. P. Blavatsky avait à sa disposition des sources d'inspiration d'un genre particulier.

Ce changement dans son âme qu'elle décrit, eut lieu au printemps 1875, quelques mois donc avant la création de la Société théosophique. Pour toutes ses futures activités de "théosophe", notamment pour la rédaction des livres volumineux qu'il lui restait à écrire, ce phénomène énigmatique qui se déroulait en son âme devait devenir de la plus grande importance.

La recherche du nom de la future association nécessita quelques réflexions. D'ailleurs, il restait encore à en définir les principes directeurs. Les propositions d'appellation, qui évoquaient par exemple l'hermétisme ou la Rose-Croix, ne correspondaient pas. En feuilletant un dictionnaire, l'on tomba enfin sur le terme de "théosophie" qui recueillit l'approbation générale. Le fait que ce nom semble avoir été pratiquement trouvé par hasard explique pourquoi il n'y a pas lieu d'y voir un rapprochement avec la théosophie chrétienne évoquée plus haut, à supposer même que les personnes concernées en auraient eu une connaissance suffisante. N'étaient-ce pas, en effet, les inspirateurs "orientaux" qui avaient exhorté à fonder la Société? Cette théosophie anglo-indienne devait surtout se caractériser par la suite, pendant des générations, par cette forme d'influence qui se présentait sous forme d'ordres dictés et de prescriptions .

Cette orientation, à prendre dans son sens très littéral de se tourner vers l'est, se comprend si l'on se replace dans le contexte de l'époque. La connaissance de la riche tradition religieuse et spirituelle de l'Asie, et principalement de l'hindouisme et du bouddhisme, n'était réservée, dans l'Occident de la seconde moitié du XIX° siècle, qu'à un nombre relativement restreint d'érudits. Même chez la plupart des Asiatiques cultivés qui se mesuraient aux canons de la culture occidentale, le rapport à leur propre tradition s'était pour ainsi dire perdu. En Inde, par exemple, le système scolaire, était de plus en plus régi par les missions chrétiennes. Du fait du lien étroit entre l'État et l'Église, ces missions étaient pratiquement devenues des organes exécutifs de l'impérialisme occidental. De ce côté, la connaissance de la spiritualité orientale avait pour but le "salut des âmes" et la victoire sur le "paganisme". Pendant des décennies, la théologie des missions n'était donc pas en mesure d'accéder à une compréhension profonde des révélations sur Dieu et sur l'esprit telles qu'elles étaient formulées avant le christianisme ou en dehors de celui-ci.

Blavatsky, Olcott et tous leurs adeptes étaient vierges des préjugés religieux qui avaient cours dans ce contexte. Ils se montraient donc relativement ouverts et pouvaient aborder sans trop de prévention les Écritures Saintes de l'Orient, le yoga et les chemins bouddhiques du salut. Les théosophes ne voyaient pas la nécessité de s'en référer plus étroitement au christianisme, qui incarnait à leurs yeux une Église missionnaire, étrangère à leur spiritualité et à leur ésotérisme. (Sur ce plan, les choses n'ont guère changé dans les Églises jusqu'à aujourd'hui, si l'on songe à leur appréciation de la Gnose et de la mystique). Leur adaptation à la science matérialiste et à la morale bourgeoise dominante, disons celle de la classe moyenne aux États-Unis, ne fit que souligner ces manques. Sans parler du nationalisme extensif, enjolivé de religion, et de la conviction, sous couvert de religion, d'avoir toujours raison, avec laquelle diverses confessions et sectes exportèrent leurs préjugés jusque dans les missions.

Face à l'idéologie de la supériorité de l'Église, seule capable d'apporter le salut, la Société théosophique proposa une autre attitude, en manifestant une volonté d'ouverture à toutes les philosophies, religions et sciences, et ceci dans une démarche humanitaire désintéressée, sans discrimination de race, de sexe, de couleur de peau, de nation ou de foi. Convaincus de l'existence d'un noyau de vérité commun, inhérent à toutes les religions, et d'une sagesse très ancienne à laquelle tous les hommes de cette terre ont part, les théosophes passèrent à l'attaque contre le dogmatisme des religions et la vision réductrice du monde que professent les sciences en se posant en détentrices de la vérité absolue. Le président Olcott, qui a eu le mérite de doter la Société théosophique de sa forme d'organisation et d'en assurer une présentation efficace, surtout en Inde, publia en 1878 une déclaration qui résumait encore une fois les objectif de la Société. On y lit notamment:
La Société théosophique enseigne à ses membres et attend d'eux qu'ils vivent d'une manière exemplaire une vie de plus haute moralité et d'aspiration religieuse ; qu'ils s'opposent au matérialisme scientifique et à toute forme de théologie dogmatique ; qu'ils fassent connaître aux nations occidentales les faits longtemps réprimés au sujet des philosophies religieuses de l'Orient, leur éthique, leur chronologie, leur ésotérisme et leur symbolique... enfin et surtout, qu'ils contribuent à la construction d'une fraternité humaine, au sein de laquelle tous les êtres bons et purs de toutes les races se reconnaîtraient mutuellement comme des effets identiques (sur cette planète) d'une même cause incréée, universelle et éternelle. [12]

Les buts étaient ainsi fixés. Ce n'était un secret pour personne qu'ils apparurent bien trop élevés à beaucoup. Même si des sections, des "loges" et des "branches" nouvelles, se créaient sans cesse dans le monde entier, au niveau local et national, même si le nombre des adhérents ne cessait d'augmenter, il était néanmoins soumis à des fluctuations. Des membres fondateurs, il ne resta pratiquement personne, hormis Olcott, Blavatsky et Judge. Il arrivait toujours que des exclusions devenaient nécessaires. Les membres de haut rang n'en étaient pas épargnés, lorsque la réputation de la Société était en jeu.

Les besoins et les attentes, naturellement, différaient. Une partie des théosophes attachaient de l'importance à un approfondissement du savoir ésotérique, et concentraient autant que possible leurs efforts sur l'élaboration d'un enseignement théosophique. Tel était aussi le premier objectif de H. P B. et des "Maîtres". Ainsi fut mise en place l' "École ésotérique" (E.S.) sous la direction de H. P Blavatsky qui lui donna un fonctionnement relativement indépendant du corps de la Société. D'autres, y compris des personnes extérieures, mesuraient l'importance de la Société théosophique à ses retombées sur la société en général, c'est-à-dire à l'influence culturelle et politique que les théosophes exerçaient. A ceux-là, H. P B. répondit dans l'une de ses lettres à William Q. Judge et aux conventions américaines:
Les théosophes sont nécessairement des amis de tous les mouvements qui, dans le monde, œuvrent au plan intellectuel ou simplement concret, pour l'amélioration de l'état de l'humanité. Nous sommes les amis de tous ceux qui luttent contre l'alcoolisme, les tortures perpétrées contre les animaux, l'injustice envers les femmes, la corruption dans la société ou dans les gouvernements. Nous sommes les amis de ceux qui pratiquent concrètement l'amour du prochain et essaient d'alléger le poids terrible de la détresse qui accable les pauvres. Mais en notre qualité de théosophes, nous ne pouvons pas nous engager spécifiquement dans l'une ou l'autre de ces grandes tâches. Nous pouvons le faire à titre personnel.. (Il ne faut pas oublier) que les théosophes eux-mêmes sont pauvres et que les fondateurs sont encore plus pauvres que quiconque et qu'en tout cas l'une d'entre eux, l'humble auteur de ces lignes, ne possède pas de biens et doit travailler durement pour gagner son pain quotidien, chaque fois qu'elle en trouve le temps en dehors de ses obligations théosophiques. La tâche des théosophes est d'ouvrir le cœur et la raison des hommes à l'amour du prochain, à la justice et à la générosité... [13]
Que H.P.B. ait donné le bon exemple, la preuve en est fournie par diverses situations qui nous sont rapportées.

"Isis Unveiled" – "Isis dévoilée"

Parmi les phénomènes marquants qui ont joué un rôle déterminant dans la vie et dans l'œuvre de H. P. B., il faut évidemment compter son activité d'écrivain. Comme en témoignent ses livres, dont certains sont très volumineux, il s'agit d œuvres que l'on attribuerait plus volontiers, d'après leur contenu et les sujets traités, à un spécialiste des religions et non à une femme du XIX° siècle, moyennement cultivée et sans formation universitaire spécifique. Cette particularité ne faisait qu'agrandir le halo de mystère qui auréolait le personnage. On lui attribue les ouvrages intitulés Isis dévoilée, « La Doctrine secrète » et « Les clefs de la théosophie ». A cette liste s'ajoute un ensemble d'écrits ainsi qu'un millier d'articles et une abondante correspondance. [14]

C'était l'été 1875. Olcott raconte que H. P. Blavatsky lui montra un jour une liasse de feuilles en disant qu'elle les avait écrites la nuit passée "sur instruction" (by order). Mais le sens de ce jeu lui échappait. Peut-être ces pages devaient-elles servir à un article de journal, à un livre ou à rien du tout. "Quoi qu'il en soit, j'ai fait ce qui m'a été demandé", ajouta-t-elle mot pour mot. Elle glissa les feuilles dans un tiroir et la question était réglée pour le moment. Néanmoins, elle laissa entendre à un professeur qui lui était proche qu'en 1875 avait commencé une période particulière de l'histoire: "Nous nous tenons sur le seuil d'une nouvelle époque. Mille mystères seront révélés... Le monde connaîtra une illumination." [15]

Sur ce point, on est tenté de se demander: Était-ce la conviction de la personne "Numéro 1", c'est-à-dire de la Russe Helena ou est-ce que parlait là en l'occurrence l'instance Numéro 2, le "Moi Supérieur", la mystérieuse "H. P. B."... Il était clair, toutefois, que cette "chose incompréhensible" pour l'esprit de celle qui l'avait écrite, appartenait déjà à sa première grande œuvre, "Isis Unveiled", qui par là même commençait à prendre forme. Quels allaient être le volume, le contenu et le plan du livre, personne à l'époque ne pouvait le savoir et moins que tous, celle-là même qui l'écrivait.

A partir de cette date, ses proches virent H. P. B. s'asseoir à son bureau dès qu'elle avait un moment de loisir. Jusque tard dans la nuit, elle noircissait feuille après feuille. Une "ardente impulsion" – comme Jakob Böhme l'avait dit une fois de lui-même – ne lui laissait plus de repos. Elle en fit part à sa tante Nadya, qui vivait en Russie. Parfois, elle passait ainsi jusqu'à 17 heures par jour avec de la bouillie d'avoine pour toute nourriture. Deux ans plus tard, en septembre 1877, l'ouvrage parut en deux volumes, avec un total d'environ 1400 pages. Sa parution fut un événement véritablement exceptionnel tant pour la Société théosophique à laquelle l' Isis dévoilée était dédiée que pour le public intéressé. [16]

Or, cela justement devait jeter une ombre. D'où cette aventurière russe qui ne brillait pas précisément par ses qualités intellectuelles pouvait-elle tirer cette somme de connaissances qui dépassaient de loin ce qu'elle avait pu acquérir en s'intéressant depuis sa jeunesse à des sujets occultes et en vivant toutes sortes d'expériences au cours de ses voyages? D'ailleurs ni son premier gros ouvrage ni les suivants ne furent écrits dans la bibliothèque du British Muséum ou dans une quelconque autre bibliothèque spécialisée en sciences des religions, mais dans son appartement new-yorkais de la 8èmc Avenue et 47ème rue, ou dans tout autre lieu où elle était amenée à séjourner. Ses possibilités de recherche et de vérification étaient donc des plus limitées. Dans ces conditions, qui lui procurait cette quantité de citations et d'évocations?

Même ses amis les plus proches, tels que le médecin et théosophe Franz Hartmann (1838-1912), son collaborateur et accompagnateur dans ses voyages, qui a pu l'observer un certain temps, réagissait avec surprise et étonnement. Avec un soupçon d'irritation et de sévérité, elle lui enjoignit une fois: Combien de fois me faut-il vous répéter à toi et à ta mère que ces choses me sont dictées et que j'ai souvent devant les yeux des manuscrits, des chiffres et des mots dont je ne savais rien auparavant." [17] Son entourage avait parfois l'impression qu'elle recopiait ses textes à partir d'un modèle imaginaire ou écrivait sous la dictée d'une voix non moins imaginaire ou inspiratrice. Or c'est justement ce qu'elle prétendait elle-même. Le résultat, toutefois – ses livres si denses en contenu – était indéniable, même si la juxtaposition des thèmes aurait encore nécessité une certaine structuration et que le style aurait pu, çà et là, être égalisé. C'est ce dont se chargèrent H. St. Olcott et d'autres. Le message en tant que tel resta intact.

Or ce message, surtout dans "Isis Unveiled", prenait un ton parfaitement polémique. Dans le premier volume, Blavatsky s'en prenait à la science soucieuse de son infaillibilité et dans le second à la religion prisonnière de son dogmatisme et de son sentiment d'avoir toujours raison, c'est-à-dire aux Églises du monde occidental. Comme déjà évoqué dans la préface, elle s'y sentait autorisée parce qu'elle était sûre de l'amitié intime de ses adeptes d'Orient et de leur sagesse. Vu sous cet angle, l'auteur avait à témoigner de la grande leçon de sa vie, à savoir qu'il existait une sagesse dans laquelle la science des sages orientaux se relie à une religion qui apporte la certitude, certitude de l'existence de l'esprit, certitude de l'existence de Dieu et enfin, certitude de l'immortalité de l'homme.

Si l'on parcourt les différents chapitres de l'ouvrage dans cette perspective, on voit comment l'auteur tombe sur des notions anciennes auxquelles il est possible de donner un nom nouveau. Elle se réfère à des phénomènes et à des forces, à d'autres sphères et domaines, tandis que des "guides d'aveugles eux-mêmes aveugles" préfèrent obstinément rester coincés dans les goulots d'étranglement du matérialisme. L'être humain et le monde se manifestent d'une manière qui leur fait dépasser la conscience mentale, rationnelle. Tout d'un coup, des modèles anciens, de traditions orientales, deviennent tout au moins intéressants et dignes d'être évoqués, sans qu'il puisse être question de recommander ces chemins de l'âme empruntés par les anciens.

Mais il y a un point que H. P. B. souligne dès la préface, sans méconnaître la grandeur de son entreprise ni les exigences qu'elle suppose. Elle considère son travail comme une tentative de présenter la philosophie hermétique des Anciens et la religion de la sagesse universelle d'une façon qui permette de trouver en elles une clé utile – H. P. B. dit: la seule clé possible – pour expliquer l'absolu dans la science et la théologie. [18]

Dans son deuxième volume, H. P. Blavatsky fait durement le procès de l'Église, n'épargnant ni la théologie, ni sa pratique dans ses rapports avec ceux qu'elle appelle les hérétiques. Elle prend le parti des hérétiques qui osèrent davantage faire confiance à leur expérience personnelle qu'aux décrets des autorités et des instances. Elle ose confronter la kabbale aux Évangiles, la Bible aux Védas et établir des comparaisons. Le fait que de tels actes constituent une provocation et exigent aussi des corrections ne saurait être contesté par personne, à moins d'ériger Isis dévoilée en un nouveau dogme. Or cela ne pouvait être dans l'intention de l'auteur. Mais dans quelle mesure était-elle "l'auteur"? N'en est-elle pas plutôt la secrétaire, la transcriptrice et donc l'instrument de ceux qui ont mis cette étrange femme à leur service pour se manifester "à travers" elle?

Qui a écrit les livres de Blavatsky?

En ce point de notre exposé, il serait indiqué d'examiner aussi les autres œuvres déjà citées. Or ce qui s'applique à « La Doctrine secrète » et à d'autres textes de la même veine, vaut aussi – à quelque chose près – pour "Isis Unveiled". C'est pourquoi nous donnerons la parole à H. St. Olcott, l'un des protagonistes directs de cette entreprise. De cette manière, l'on pourra, en même temps, se faire une image de l'effet que H.P.B. produisait sur son entourage et des réflexions qu'elle suscitait.

Dans ses pages de journal ("Old Diary Leaves"), qui restent très instructives pour l'histoire du mouvement théosophique et qu'Olcott a commencé à publier en 1892, un an après la mort de H. P. B., le président de la T. S. s'interroge sur la question souvent posée de savoir qui en réalité avait écrit l'Isis dévoilée.

A ce sujet [19], Olcott constate: "Lorsqu'elle arriva d'Orient en Amérique (1874) et commença à écrire "Isis Unveiled", elle ne parlait presque pas un mot d'anglais. Pourtant, les parties les plus importantes du livre ont été écrites de sa main dans le meilleur anglais littéraire qui soit, avec un nombre inconcevable de citations savantes dans les langues les plus diverses. Pendant la période de rédaction du livre, elle ne disposait d'aucune bibliothèque personnelle ou autre..." A ce propos, Olcott cite une série de témoins dignes de foi.

Autre fait intéressant, les innombrables parties du manuscrit sont produites dans les écritures les plus variées, comme si divers transcripteurs avaient participé à leur rédaction – un phénomène qui n'est d'ailleurs pas inconnu en écriture automatique. Là aussi, il est parfaitement possible que l'écriture d'une même personne prenne des formes radicalement différentes selon le thème et l'objet en question. L'hypothèse qui vient immédiatement à l'esprit d'une transmission médium-nique est rejetée par Olcott.
La gamme des phénomènes qui accompagnent habituellement tout "commerce avec les esprits" pendant une opération médiumnique ou spiritiste faisait défaut... De plus, j'ai déjà expliqué plus en détail que chaque changement dans l'écriture s'accompagnait chez H. P. B. d'une modification très nette de son apparence, de ses mouvements, de sa façon de s'exprimer et de ses aptitudes littéraires. Lorsqu'elle était livrée à ses propres forces, il était aisé de s'en apercevoir, car elle redevenait la simple débutante sans instruction dans l'art de l'écriture, elle travaillait alors à la colle et aux ciseaux, le manuscrit qu'elle m'apportait était rempli de fautes effroyables et après avoir fait l'objet de toutes sortes de ratures, ajouts, gommages, modifications et corrections orthographiques, il devenait un brouillon confus et illisible, de sorte que je devais généralement lui redicter le tout.

En ce qui concerne les diverses écritures, qui semblaient provenir de mains différentes, Olcott avait l'impression qu'elles étaient attribuables chaque fois à "quelqu'un" de spécifique. Il ajoute: "Chacun d'entre eux n'écrivait que sur les objets qui étaient caractéristiques de sa nature spécifique. Si l'on m'avait montré à l'époque une quelconque partie du manuscrit d' "Isis", j'aurais pu dire avec précision quel quelqu'un l'avait écrite. Elle ne servait donc pas, dans chacun de ces cas, de "secrétaire privée", mais était devenue, pendant le temps de l'écriture, l'autre personne elle-même."

Ainsi, la qualité d'auteur de H. P. Blavatsky au regard de "ses" oeuvres maîtresses est considérablement relativisée, dans la mesure où l'on admet que ne peut être reconnu comme auteur d'un livre comparable que celui qui travaille le texte, avec l'inspiration nécessaire, dans un effort spirituel et littéraire de planification, de recherche et de formulation, et qui en assume personnellement la responsabilité.

Olcott qui, à l'instigation des adeptes et "instructeurs" orientaux, prend ses distances par rapport à H. P. B., souligne ainsi que, d'après ses observations, la contribution d'H.P.B. dans "Isis Unveiled" était beaucoup moins importante que celle des adeptes. "Cela est bien compréhensible car comment elle, qui n'avait pas de connaissances propres, aurait-elle pu écrire un livre d'érudition sur autant de sujets qui lui étaient étrangers? Tant qu'aucun de nos "instructeurs" ne se trouvait près de nous ou ne pouvait être appelé psychiquement à ses côtés, elle pouvait, dans son état apparemment "normal", lire un livre, en souligner les passages qui la frappaient, écrire quelque chose sur le sujet, faire des fautes, les corriger, en discuter avec moi, me laisser moi-même écrire sur la question, me soutenir dans mes intuitions, demander des documents à des amis, se tirer d'affaire de cette manière, autant que faire se peut. Or les "instructeurs" n'étaient pas toujours à nos côtés. Elle écrivit une fois à sa tante que lorsque son maître était occupé à d'autres tâches, il laissait son représentant auprès d'elle, et que celui-ci était son propre Moi supérieur... Il se peut que son propre Moi supérieur avait l'habitude de prendre possession de son cerveau et que cela me donnait l'impression qu'un Maître était alors à l'œuvre à travers elle."

Ce dont H. St. Olcott a témoigné au sujet du livre d' "Isis", la comtesse Constance Wachtmeister [20], une proche d'H. P. B., l'a également confirmé pour la rédaction de La Doctrine secrète tout comme d'ailleurs Wilhelm Hiibbe-Schleiden, W.Q. Judge et le leader des théosophes anglais, Bertram Keightly [21]. Le témoignage de la comtesse présente un intérêt tout particulier dans la mesure où elle avait vécu plusieurs mois avec elle, pendant toute la période d'écriture à Wurzbourg (1885-86) et qu'elle avait donc pu en observer au plus près le déroulement, jour après jour, dans l'appartement de madame Blavatsky, au 6 de la Ludwigstrasse. Il ressort de son témoignage que des maladies et des souffrances physiques importantes donnèrent autant de fil à retordre à cette femme vieillissante que certaines charges psychiques qui pesaient sur elle. Ses facultés créatrices et paranormales, en revanche, ne semblaient pas avoir été affectées.

Développements et problèmes

Ceux qui la connaissaient bien présentent H. P. B. comme une femme d'une grande sensibilité et par conséquent d'autant plus vulnérable au plan psychique – contrairement à ce que pourraient laisser croire sa robustesse physique et sa corpulence d'ours. Mis à part des tensions et des déceptions au sein de la T. S., certains événements, au quartier général indien d'Adyar, lui furent fatals. De là provient sa réputation d'avoir été mêlée à des affaires de tromperie.

Dans la littérature sur sa biographie, il est question de l'affaire Coulomb ou Hodgson. Voici ce qui s'était passé. Après la publication d' "Isis" en 1877 et l'obtention de la citoyenneté américaine en 1878, elle quitta une nouvelle fois les États-Unis, avec le général Olcott, et embarqua en décembre de cette année pour l'Inde. Ils s'établirent d'abord à Bombay, puis à Adyar près de Madras, qui devint le quartier général définitif de la Société théosophique en Inde. Avec le soutien que constitua, à partir de 1879, la publication de la revue "The Theosophist", dirigée par Blavatsky, la Société prospéra en Inde. Tous deux, donc aussi Olcott qui était féru d'organisation, trouvèrent un écho sympathique dans les milieux hindouistes et bouddhistes. Mais il ne manquèrent pas non plus de rencontrer la contradiction et l'opposition cléricales, déclenchées par la parution d' « Isis dévoilée ».

Les problèmes commencèrent lorsque la revue indienne "The Christian Collège Magazine", éditée par des missionnaires de l'Église, attaqua violemment madame Blavatsky et que le couple Coulomb, qui avait été au départ soutenu par les théosophes, puis déçu, prétendit avoir été poussé par elle à des actes de duperie. Ils affirmaient que les "Maîtres" cités par H.P.B. n'existaient pas et que les "lettres de Maîtres", reçues par elle, ne reposaient sur aucun fondement de vérité.

Les phénomènes paranormaux dont la nouvelle se répandait également en Inde, auraient été produits de manière fallacieuse. Les lettres prétendument reçues auraient été rédigées de sa propre main. Bref, la célèbre madame Blavatsky ne serait qu'un vulgaire imposteur et la théosophie qu'elle représente une pure machination qui ne peut en aucune manière être qualifiée de sérieuse. Ressentant la théosophie comme une concurrence à la mission chrétienne, tous les moyens parurent bons aux opposants pour nuire à la fondatrice et la discréditer aux yeux du public et notamment des autorités coloniales anglaises. Une autre accusation selon laquelle H. P. B. agissait en tant qu'espionne russe s'était déjà révélée sans fondement.

Le couple Coulomb, pour sa part, eut recours à des procédés malhonnêtes, falsifiant des documents authentiques et fabriquant, dans la maison même de l'accusée, et en l'absence de celle-ci, des indices trompeurs. Mais les choses ne s'arrêtèrent pas là. D'Angleterre arriva un certain Richard Hodgson, membre de la Society for Psychical Research (SPR). Cet homme mena une enquête qui aboutit à la conclusion que madame Blavatsky était "un escroc des plus accomplis, des plus inventifs et des plus intéressants de l'histoire." [22]

Cependant, la manière de procéder de Hodgson, par exemple lors de l'interrogation des témoins, est entre-temps plus que contestée. Olcott qui, en sa qualité de juriste compétent, avait autrefois procédé à des enquêtes en matière de délit d'escroquerie dans des affaires gouvernementales, prit cette affaire-ci en main. Dans l'un de ses rapports au sujet de l'affaire, il commence par se prononcer sur les vices de forme qu'il constate dans l'enquête de la SPR:
Le jour où l'accusation contre elle (H. P B.) fut publiée pour la première fois dans le "Times", elle envoya – à l'époque à Londres – une récusation indignée au journal Depuis, je n'ai vu aucune preuve susceptible de prouver le contraire. Les prétendues lettres à madame Coulomb n'ont jamais été montrées ni à elle ni à moi: l'accusation de malhonnêteté des Coulomb se retourne contre eux. Le rapport de monsieur Hodgson témoigne de sa méconnaissance totale, à l'époque, des lois psychiques et médiumniques ainsi que des règles incontournables d'une enquête spiritualiste, voire même les règles les plus générales d'une argumentation en bonne et due forme... [23]
L'insuffisance du rapport Hodgson a finalement été confirmée par une autocritique que les dirigeants de la SPR publièrent dans leur propre revue. Le seul défaut de cette déclaration est de n'avoir été d'aucune utilité pour madame Blavatsky, accusée à tort et profondément blessée dans le sentiment de sa dignité. En effet, la déclaration en question parut avec un siècle entier de retard! [24] Pendant tout ce temps, H.P. Blavatsky était restée entachée de l'accusation de tromperie, de ruse et d'escroquerie diffamatoire, opprobre qui eut des répercussions jusque dans les rangs de ses propres adeptes et le pouvoir de détruire la confiance que certains avaient placée en elle. La victime insista pour que l'affaire soit publiquement tranchée par la justice mais le juriste qu'était Olcott le lui déconseilla pour des raisons occultes objectives. Selon lui, une justice qui ignore le contexte spirituel, dont la connaissance est justement un préalable nécessaire, est, en fin de compte, incompétente à établir la vérité.

"The Secret Doctrine" – "La Doctrine secrète"

La crise profonde déclenchée par l'affaire Coulomb-Hodgson obligea H. P. B., tombée gravement malade, à regagner prématurément l'Europe au printemps 1885. Malgré d'autres atteintes à sa santé déjà fragile, sa productivité littéraire ne sembla pas avoir été affectée. Son projet, annoncé en 1884 dans "The Theosophist", de réécrire "Isis Unveiled" et de le publier sous le titre de La Doctrine secrètefut mis à exécution sans tarder. De graves tensions apparurent au sein de la Société théosophique, même avec Olcott qui désapprouvait d'un certain point de vue les méthodes de travail de Blavatsky. H. P. B. tint bon malgré tous ces poids qui pesaient sur elle. Le nouvel ouvrage, La Doctrine secrète, encore plus volumineux que le premier, prit forme. Il fut lui aussi achevé en un temps record, sortant des presses à la fin de l'automne 1888. Son auteur, qui modestement se qualifiait de "transcriptrice" dans son avant-propos, s'excusait pourtant du temps assez long qu'avait pris la publication à cause de la maladie et de l'ampleur de l'entreprise.

Dans sa version française, ce livre comprend six gros volumes complétés par un index. On y remarque certaines particularités de style déjà rencontrées dans "Isis Unveiled", en particulier la profusion de données. De même, l'auteur y procède une fois de plus soit par association d'idées, soit par sauts d'un thème à l'autre. Le premier volume, intitulé "Cosmogénèse" débute par "sept strophes (énigmatiques) du livre de Dzyan", assorties de commentaires. Le texte de base dont l'auteur prétend qu'il est publié ici pour la première fois, correspond à un mythe de création de l'univers qui rappelle, de loin, les sept phases de la Genèse dans la Bible.

Ses explications très détaillées puisent aux riches traditions des peuples et des religions de sorte que le texte fourmille de symboles et fait référence à de nombreuses traditions des mystères. Pour ce qui est de l'origine du "livre de Dzyan", la transcriptrice mentionne l'ancienne Asie centrale tandis que le célèbre spécialiste de la kabbale, Gershom Scholem (1897-1982), met en évidence sa proximité avec la mystique juive. [25] La question de l'origine se laissera difficilement élucider, dans la mesure où la transcriptrice est conduite à des profondeurs qui restent ô combien éloignées de la conscience de veille du Moi de l'homme contemporain.

Cela vaut de manière analogue pour les troisième et quatrième volumes, "Anthropogenèse" et "Le symbolisme archaïque des religions". Quant aux cinquième et sixième, "Miscellanées", il est une collection de fragments disparates, difficilement rapportables à un dénominateur commun. Tirés de la succession de H. P. Blavatsky, ils n'étaient pas destinés à faire partie de « La Doctrine secrète ». Ce fut son successeur, Annie Besant, qui réunit ces documents et les rendit accessibles aux amis de Blavatsky, en indiquant précisément comment ils se rattachaient à la problématique de l'ensemble. Ici, comme partout ailleurs, le lecteur est invité à se fier à son propre jugement. Il ne doit pas accepter ce qui lui est présenté comme une sorte de message de la sagesse occulte dont il n'y aurait plus à douter. [26] L'attention est donc une fois de plus attirée sur la difficulté à aborder des textes issus de sources dont l'origine spirituelle elle-même soulève toujours de nouvelles questions et de ce fait prête le flanc à la critique.

De ce qui vient d'être exposé, il ressort que l'année de la publication de « La Doctrine secrète » est aussi celle de la fondation de l' "École ésotérique" qui devait conduire à une intensification du travail théosophique en Europe et en Amérique. H. P. B. concentra son travail sur l'Europe, après avoir établi, à partir de 1890, son quartier général à Londres, 19 avenue Road, d'où elle comptait assurer le "déroulement de toutes les activités officielles de la Société théosophique" sur le continent. Mais ses jours étaient déjà comptés. Elle mourut à peine un an plus tard, le 8 mai 1891, avant même d'avoir atteint l'âge de 60 ans. Les dernières paroles qui lui sont attribuées se rapportent à l'œuvre de sa vie ; ce sont des paroles adressées à ses plus proches collaborateurs, qu'elle conjure de veiller à la continuation de son œuvre afin que son incarnation présente ne se solde pas par un échec: "Keep the link unbroken. Do not Ut my last incarnation be a failure !"

Ce qui était en son pouvoir de réaliser, dans le peu de temps qui lui restait, pour stabiliser la théosophie, la délimiter par rapport à d'autres courants et lui donner son caractère propre, elle le fit. C'est dans ce sens qu'il faut comprendre son livre suivant, "The Key to Theosophy" (La Clef de la théosophie, 1889). Il est une introduction à la théosophie dont il définit les concepts de base. Cet écrit ne pouvait cependant remplacer un travail de méditation sur son enseignement. L'auteur semble elle-même avoir senti qu'il ne suffisait pas de déployer devant ses lecteurs tout un savoir occulte et d'accumuler des connaissances sur l'histoire des religions. Une formation spirituelle demande davantage qu'une simple information sur un certain nombre de données et d'interprétations? A travers des articles de journaux et des entretiens individuels, elle donna une série d'indications pour des "études occultes" [27], c'est-à-dire pour la pratique du chemin spirituel et un comportement de vie digne d'un élève sur ce chemin (Chela).

Le petit livre "The Voice of Silence" (La Voix du silence) était aussi une manière de répondre aux besoins des élèves sérieusement motivés. La revue "Lucifer" (porteur de lumière) faisait le reste. H. P. B. y écrivait des articles, comme d'ailleurs aussi dans d'autres revues théosophiques. Ensemble avec la comtesse Constance Wachtmeister, W. Q. Judge, le cofondateur américain de la Société théosophique, qui était particulièrement acquis à H. Blavatsky, gérait la Theosophical Publication Society spécialement créée pour l'occasion. Des réunions de travail spécifiques sur les stances du livre "Dzyan" furent convoquées. Ainsi était-il pourvu à l'efficacité du mouvement, dans le sens d'une extension de celui-ci comme dans celui d'une intensification.

Même si H. St. Olcott survécut à Blavatsky et assura la présidence de la Société jusqu'à sa mort en 1907, il était important pour la Société théosophique, et une satisfaction personnelle pour Blavatsky, qu' "elle ait eu le temps d'initier son successeur, l'Anglaise Annie Besant (1847-1933), aux tâches de la direction spirituelle. En William Q. Judge, elle plaça toute sa confiance pour assurer la direction de l'École ésotérique, autant en Amérique qu'au quartier général indien d'Adyar.

"The Voice of Silence" – "La Voix du silence"

Comparée aux œuvres maîtresses que nous avons décrites, La Voix du silence est un petit livre modeste. L'intention de son auteur avait été d'y réunir des "paroles d'or" [28], en une sorte de testament spirituel, comme en reçoivent les élèves de la mystique orientale pour donner à leur vie spirituelle une orientation appropriée. Elle-même ne présentait pas le petit livre comme venant d'elle mais comme une "traduction" de textes de la même veine que les stances du livre de "Dzyan" qui avait servi de base à La Doctrine secrète. Blavatsky explique à ce sujet:
Les "Préceptes" originaux sont gravés sur de minces lames rectangulaires, et leurs copies, très souvent, sur des disques. On conserve généralement ces disques ou plaques sur les autels des temples attachés aux centres où sont établies les écoles dites "contemplatives " ou Mahayana (Yogachavya). Ils sont écrits de diverses manières, parfois en tibétain, mais surtout en idéogrammes. [29]
Puis viennent toute une série d'autres explications. Il appartient cependant au lecteur de reconnaître dans les paroles de sagesse et dans les prescriptions qui suivent si elles sont réellement la traduction d'une langue asiatique ou, ce qui est plus vraisemblable, des productions de son "Moi supérieur", instrument des "Maîtres orientaux" qui l'inspirent. Dans son dernier article publié en mai 1891 dans "Lucifer", où elle parle de ses livres ("My Books"), [30]elle évoque une fois de plus le rôle décisif de ces instances aux ordres desquelles elle s'est tenue toute sa vie, sous le nom de H. P. B. Ces indications devraient aussi s'appliquer à ce dernier écrit qui commence par ces lignes:
Qui veut entendre et comprendre la voix de Nada, le "Son Muet" doit apprendre la nature de Dharana (concentration). Devenu indifférent aux objets de perception, l'élève devra chercher le Rajah (l'inconstance) des sens, le producteur de la pensée, celui qui éveille l'illusion.
Le mental est le grand destructeur du réel.
Que le disciple détruise le destructeur.
Car:
lorsqu'à lui-même sa forme paraîtra non réelle, comme au réveil paraissent les formes vues en rêve ;
lorsqu'il aura cessé d'entendre le multiple, il pourra discerner l'UN- le son intérieur qui tue l'extérieur ;
alors et alors seulement, il abandonnera la région d'Asat, le Faux, pour entrer dans le royaume de Sat, le Vrai.
Avant que l'âme puisse voir, il faut avoir obtenu l'harmonie intérieure et rendu les yeux aveugles à toute illusion.
Avant que l'âme puisse entendre, l'image (l'homme) doit être devenue sourde aux fracas comme aux murmures, aux cris des éléphants barrissants comme au bourdonnement argentin de la luciole d'or.
Avant que l'âme puisse comprendre et se souvenir du passé, elle doit être unie au "Parleur silencieux", comme à l'esprit du potier l'est la forme sur laquelle l'argile est modelée.
Alors l'âme entendra et se souviendra.
Alors, à l'oreille intérieure parlera
LA VOIX DU SILENCE [31]...

Le livre « La Voix du silence » de H. P. Blavatsky ainsi que quelques autres textes de la même veine (par exemple "Light on the Path" de Mabel Collins) encouragea nombre de ses élèves théosophes à cultiver leur vie intérieure. Dans les premiers temps de son activité théosophique, alors qu'il était encore en train de développer son chemin de connaissance spécifique de l'anthroposophie, Rudolf Steiner reprit à son compte les explications de H. P. B. Il écrivit une "Exégèse de « La Voix du silence », restée à l'état fragmentaire, et la proposa à ses propres élèves en ésotérisme: "Il ne s'agit pas", écrivait-il dans une lettre de 1904, "de spéculer sur ces phrases mais de vivre quelques minutes avec elles. A cet effet, il faut auparavant s'en être approprié le contenu d'une manière telle que l'on peut l'embrasser d'un regard spirituel, le placer devant soi en esprit et, sans ruminer dessus, s'y adonner et le laisser agir sur soi. Car la méditation ne devient fructueuse que par le fait qu'on laisse se déverser en soi, dans un calme absolu, les pensées à méditer."

Et dans une lettre ultérieure:
...Il s'agit justement de vivre et revivre toujours et encore par soi-même ce que l'on doit être et ce que l'on doit faire de soi, de par sa propre activité. " [32]
ayant pas encore, à l'époque, fait paraître sous une forme imprimée des propositions d'exercices comme en contient son livre très largement diffusé: "Comment acquérir des connaissances des mondes supérieurs?", il ajouta des compléments d'explications à l'attention du destinataire de sa lettre. Il exprime à cette occasion la haute valeur qu'il accordait (du moins au départ) à « La Voix du silence »:
Ce petit ouvrage... est entièrement écrit à partir d'un savoir occulte. Or un savoir occulte est un savoir vivant, c'est-à-dire qu'il agit comme une force sur la totalité de l'être humain lorsque celui-ci s'en imprègne en méditant. Mais comme je l'ai déjà dit une fois, il ne s'agit pas, dans cette activité, d'assimiler et d'analyser ce savoir à la façon dont procède la raison, mais de s'y abandonner totalement. Seul celui qui réussit pendant un court instant à libérer totalement le champ de sa conscience de toutes les impressions du quotidien et à se remplir pleinement pendant ce temps de la pensée à méditer, récolte le fruit de la méditation... [33]
De cette forme de relation au texte, il résulte qu'au moins sur ce point, le contenu d'enseignement de H. P. Blavatsky est venu alimenter celui de l'École ésotérique de Rudolf Steiner et a pu être utilisé par ses premiers élèves. En ce sens, un aspect des dernières volontés de H. P. B., par lesquelles elle avait chargé ses adeptes de veiller à la continuité spirituelle de son œuvre, s'est accompli. Le fait que Steiner ait répondu positivement à cet appel, mais ait dépassé ensuite ces prémisses, conformément à ses objectifs anthroposophiques, est une autre affaire.

H. P. B. et après

Comme H. P. Blavatsky était plus d'une fois tombée gravement malade et avait chaque fois été guérie par ses "Maîtres" dans des conditions mystérieuses, sa mort effective plongea les dirigeants de la société théosophique dans une profonde consternation. Il fallut procéder à de nouvelles nominations à la direction spirituelle, la défunte ayant par exemple proposé à la fois à W. Q. Judge et à Annie Besant, qui ne faisait partie de la Société que depuis 1889, de prendre la direction de l' "École ésotérique" (E. S.). Ainsi assiste-t-on à une réorganisation, et notamment à une division entre l'E. S. occidentale sous la direction de Judge et l'E. S. orientale sous celle d'Annie Besant. Ce fut aussi le point de départ d'une série de scissions de sorte que des groupes qui différaient par le nombre de leurs membres et la façon de travailler coexistèrent sans liens entre eux. L'idée théosophique d'une fraternité mondiale aux objectifs humanitaires et spirituels encouragea dans le monde entier la création de loges.

En Allemagne, le juriste et spécialiste des colonies Wilhelm Hübbe-Schleiden créa en 1884 à Elberfeld (aujourd'hui Wuppertal) la "TS Germania". H. P. Blavatsky était très amie avec ses dirigeants, le couple de fabricants Gebhard. Dans les années 80, à l'époque de la rédaction de « La Doctrine secrète », elle avait bénéficié de l'hospitalité des Gebhard avec lesquels la Comtesse Constance Wachtmeister était également en relation.

Avec le mensuel "Sphinx", Hübbe-Schleiden créa un organe (1886-1896) qui réunissait les contributions des représentants les plus importants des milieux occultes de l'époque. Le médecin et franc-maçon de haut rang Franz Hartmann, proche des Rose-Croix, fonda en 1897 l' "Internationale theosophische Verbrüderung" (ITV, Fraternité théosophique internationale) dont la section allemande prit le nom de Société théosophique en Allemagne (jusqu'en 1934). Une autre création de société allemande, riche de conséquences, eut lieu en 1902 à Berlin, lorsque fut constituée la section allemande de la Theosophical Society originale, encore présidée jusqu'en 1907 par H. Olcott. En collaboration avec Annie Besant, Rudolf Steiner exerça la fonction de secrétaire général de cette société de 1902 à 1913. La Société anthroposophique qui, sur le plan de l'organisation, s'est formée sur le modèle de la Société théosophique anglo-indienne, fut fondée par Steiner en 1912 avec une grande partie des membres allemands. Parmi les sociétés théosophiques qui existent encore aujourd'hui, on distingue celles qui suivent pour l'essentiel la tradition inaugurée par H.P.B. et celles qui, au-delà de cette tradition, s'orientent d'après la personnalité de leurs dirigeants.

Outre la vie interne de ces différents groupements, il convient encore de rendre compte de certaines retombées de l'activité des deux fondateurs, Blavatsky et Olcott, dont la signification dans l'histoire des idées ne doit pas être sous-estimée. Ces retombées découlent de la maxime selon laquelle "il n'y a pas de religion supérieure à la vérité" et de l'idée que toutes les religions possèdent à la base une sorte de noyau spirituel. A une époque où, en Asie, les missions chrétiennes des puissances coloniales de l'Occident gagnaient toujours plus en influence, l'hindouisme et le bouddhisme étaient durement mis à l'épreuve. En tout cas, il ne fallait pas s'attendre, autour de 1900, à ce que les théologiens des Églises fassent preuve d'une juste compréhension à l'égard de la spiritualité orientale. Bien au contraire, le fait que des pères missionnaires s'aidèrent d'un couple aussi manipulateur et trompeur que les Coulomb pour calomnier H. P. B. de manière éhontée était révélateur de l'état d'esprit de l'époque.

Blavatsky, et surtout H. St. Olcott, ne s'étaient pas cachés de leurs sympathies pour les Écritures Saintes de l'Inde et pour le bouddhisme. En 1881 parut à Colombo la première version du "Catéchisme bouddhique" d'Olcott, et la version allemande fut publiée en 1887 à Leipzig. Olcott encouragea les bouddhistes de Ceylan (Sri Lanka) à prendre conscience de leur valeur. Cela eut pour effet de redonner vie au système scolaire bouddhique. Des représentants de la vie spirituelle et politique de l'Inde du XX° siècle aussi célèbres que Mohandas K. Gandhi, Jawaharlal Nehru et sa fille Indira Gandhi ainsi que le vice-président de l'Inde et spécialiste des religions Sarvepalli Radhakrishnan, prix de la paix 1961 des libraires allemands, se sont réclamés des impulsions de renouvellement spirituel qui étaient parties des fondateurs du mouvement théosophique et qui ont exercé un effet bénéfique sur eux et sur leur pays. Gandhi, tout comme Pandit J. Nehru, soulignent dans leurs autobiographies que c'est à travers la théosophie qu'ils ont commencé à se familiariser avec cette grande œuvre littéraire indienne qu'est la Bhagavadgita et qu'ils doivent à des théosophes anglais la sensibilité religieuse pour laquelle ils sont estimés dans le monde entier. [34]

Ces témoignages et d'autres de même nature évoquent la signification historique qu'a révêtu le mouvement créé par H. P. Blavatsky à une époque où devaient être données les premières impulsions pour une rencontre – même s'il ne s'agissait pas encore de dialogue – entre les religions et les philosophies d'Orient et d'Occident. La volonté de "réconcilier entre elles toutes les religions, les sectes et les nations dans un système éthique commun, reposant sur des vérités éternelles" ne va pas toutefois sans restrictions. Dans l'une de ses dernières œuvres, "Clef pour la théosophie", où elle attire une fois de plus l'attention sur le fait qu'il doit exister une vérité commune à toutes les religions aussi différentes soient-elles", l'exception est nommée sans équivoque: la religion juive. H. P. Blavatsky l'exclut de son système. Pourquoi? Parce que selon elle, le théosophe exclut sciemment la représentation d'un Dieu "personnel, extracosmique et anthropomorphe qui n'est autre, au bout du compte, que l'ombre gigantesque de l'homme et d'ailleurs pas précisément du meilleur représentant de son espèce...." [35].

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Références de bas de page

  1. Adolf Köberle: Theosophie, in: Religion in Geschichte und Gegenwart (RGG), 3ème Édition, Vol. IV, Sp. 845.
  2. Seyyed Hossein Nasr: Knowledge and the Sacred. "L'ésotérisme est cette dimension intérieure de la Tradition qui s'adresse à l'être intérieur, à l' "eso ânthropos" de saint Paul... L'ésotérisme authentique est toujours inscrit dans une tradition universelle et intégrale. Ce n'est que dans l'Occident moderne – et sans doute aussi pendant la période de décadence à la fin de l'Antiquité – que les enseignements ésotériques se sont coupés de la Tradition, à l'intérieur de la matrice de laquelle se trouve le véritable ésotérisme... A cause de sa séparation de la Tradition vivante, ce qu'on appelle aujourd'hui l' "ésotérisme" est rabaissé au rang d'un occultisme dénué de toute utilité et même dommageable... Ce qui, dans le monde moderne, passe pour de l' "ésotérisme", a perdu tout sens du sacré, à la différence du véritable ésotérisme, au sens traditionnel..."
  3. Gerhard Wehr: Die deutsche Mystik. Mystische Erfahrung und theosophische Weltsicht, Munich 1988.
  4. Rolf Christian Zimmermann: Das Weltbild des jungen Goethe, vol. I/II, Munich 1969.
    R. Ch. Zimmermann: Goethes Verhältnis zur Naturmystik am Beispiel seiner Farbenlehre, in: A. Faivre/R. C. Zimmermann: Epochen der Naturmystik, Berlin 1979, p. 333ss.
  5. Rudolf Steiner: Der Goetheanismus, ein Umwandlungsimpuls und Auferstehungsgedanke (12 conférences, 1919), Dornach 1967.
  6. H. P Blavatsky Collected Works VI, 293s., cité par Andreas Terfort: H. P. B. – eine biographische Skizze, in: Novalis. Revue pour une pensée européenne. Schaffhouse N°5/1991.
  7. Charles J. Ryan: H. P. Blavatsky and the Theosophical Movement (1937), Pasadena 1975.
    Sylvia Cranston: H. P. B. – The Extraordinary Life and Influence of Helena Blavatsky, Founder of the Modem Theosophical Movement, New York 1993.
    Stephan Holthaus: Theosophie, Speerspitze des Okkultismus, Asslar 1989.
    Hans-Jürgen Ruppert: Theosophie, unterwegs zum okkulten Übermenschen, Constance 1993.
  8. Annie Besant: H. P. Blavatsky et les maîtres de sagesse. Paris, Publications théosophiques, 1908.
    Rudolf Steiner, surtout dans la première période de sa collaboration avec les théosophes, s'est associé à ces représentations sur la question des maîtres. Le 20 janvier 1905, il écrit à un membre: "Ces entités sublimes ont déjà parcouru un chemin que le reste de l'humanité doit encore suivre. Ils œuvrent à présent en tant que grands "instructeurs de la sagesse et de l'harmonie des sensations humaines". (Voir R. Steiner/Marie Steiner: Briefwechsel und Dokumente 1901-1925, Dornach 1967, p. 282). Dans une conférence donnée à Munich en 1911: "Quand les guides actuels de l'humanité se promènent là dehors, dans leurs habits d'hommes, ils ne sont pas reconnus dans le monde extérieur, exotérique. Et si nous parlons, sur le terrain de la science de l'esprit, des maîtres de la sagesse et de l'harmonie des sensations, les hommes s'étonneraient bien souvent de l'humanité simple et modeste avec laquelle ces maîtres de la sagesse et de l'harmonie des sensations traversent tous les pays. Ils sont présents, sur le plan physique. Cependant, les enseignements les plus précieux, ils ne les apportent pas au plan physique mais... au plan de l'esprit." (R. Steiner: Weltenwunder, Seelenprüfungen und Geistesoffenbarungen, Dornach I960, p. 152s.) – Sur la question des maîtres de sagesse, voir R. Steiner: Zur Geschichte und aus den Inhalten der ersten Abteilung der Esoterischen Schule 1904-1914, Dornach 1984, p. 199-259.
  9. S. Cranston: H. P. B. (voir Note 7), p. 131 ss.
  10. H. P. B.: Collected Writings, I, 95, cité par Cranston, p. 143.
  11. H. P. B.: Letters of H. P. Blavatsky I, in: The Path, décembre 1894, 266, cité par Cranston, p. 150.
  12. H. S. Olcott, cité par Kirba van Mater, in: H. P. Blavatsky aux conventions américaines 1888-1891, Pasadena-Munich 1979, p. 56s.
  13. Mises à part de nombreuses éditions particulières, les œuvres complètes sont réunies dans: H. P. Blavatsky – Collected Writings (BCW) compiled by Boris de Zirkoff, dans env. 20 volumes (Wheaton/Illinois, Etats-Unis 1950), complétés par une édition complète de sa correspondance, prévue pour 1994. Une sélection représentative de la littérature en langue anglaise sur Blavatsky et le mouvement théosophique est contenue dans: Sylvia Cranston: H. P. B. – The Extraordinary Life and Influence of Helena Blavatsky, Founder of the Modem Theosophical Movement, New York: G. R Putnam, 1993, p. 613-628.
  14. H. P. Blavatsky aux conventions américaines, p. 18.
  15. H. P. Blavatsky, cité dans: S. Cranston: H. P. B., p. 153.
  16. Dans l'ensemble, la presse américaine réserva un accueil positif à cette publication. En sa qualité de Grand Maître du "Rite ancient et primitif", John Yarker, par exemple, décerna à H. P. B. le titre de "Princesse couronnée" qui la plaça au grade le plus élevé de la maçonnerie adoptive.
  17. Franz Hartmann, cité par F. K. Steinberger: Esoteriker des Westen. Führer zu neuem Menschentum, Lorch 1953, p. 29.
  18. H. P. Blavatsky: Isis dévoilée, Adyar 1974.
  19. Voir H. S. Olcott: Old Diary Leaves publiées pour la première fois dans la revue "Theosophist" (Adyar, près de Madras) à partir de 1892. Le chef de file théosophe allemand Wilhelm Hübbe-Schleiden, qui put confronter les expériences d'Olcott avec ses propres observations (1885) alors que H. P B. était occupée à écrire sa "Doctrine secrète", fut le premier à rendre accessible au public allemand les écrits d'Olcott, dans le mensuel: Sphinx, Monatsschrift für Seelen- und Geistesleben, IX, 1894, p. 132ss. qu'il éditait lui-même.
  20. Constance Wachtmeister: Réminiscences..., Ibid, p. 3-73.
  21. W. Hübbe-Schleiden: H. P. B. und die Geheimlehre, in: Sphinx, IX, p. 210-216.
    W. Hübbe-Schleiden, B. Keightly, A Keightly, W. Q. Judge in: Constance Wachtmeister: Réminiscences of H. P. Blavatsky and the Secret Doctrine, Wheaton/Ill. 1976, p. 77ss..
  22. Charles J. Ryan: H. P. Blavatsky and the Theosophical Movement, Pasadena 1975, p. I60ss.
  23. H. S. Olcott, in: Lucifer, août 1891, p. 447, cité par H. P. Blavatsky aux conventions américaines, p. 62.
  24. A propos de "The Coulomb-Hodgson Affair", voir S. Cranston: H. P. B. p. 265ss.
  25. Gershom Scholem: Les grands courants de la mystique juive, Payot 1968: "A mon avis, il ne fait pas de doute que les célèbres stances du mystérieux livre de "Dzyan" sur lequel repose le grand œuvre de madame Blavatsky, La Doctrine secrète, est redevable, dans une certaine mesure, en ce qui concerne son titre et son contenu, aux riches pages du Zohar, ou "Sifra Di-Zeniutha"... Le livre de "Dzyan" n'est donc rien d'autre qu'une hypostase occulte du titre du livre du Zohar. Ce lien "bibliographique" entre les Ecriture de base de la théosophie moderne et de l'ancienne théosophie juive est assez remarquable."
  26. Annie Besant dans la préface à H. P. Blavatsky: La Doctrine Secrète, vol. V, Miscellanées (écrits posthumes), Paris Adyar, 1971.
  27. H. P. Blavatsky: Studies in Occultism, Pasadena/USA – Il s'agit de contributions de l'auteur parues entre les années 1887 et 1891 dans la revue "Lucifer".
  28. La Voix du silence. Fragments choisis du "Livre des Préceptes d'or". Pour l'usage journalier des Lanous (disciples), traduit et annoté par "H. P. B." (1889), Editions Adyar 1989.
  29. Ibid.
  30. H. P. Blavatsky: My Books, in: Isis Unveiled, vol. II, Pasadena 1988, Appendix.
  31. La Voix du silence, Fragment I p. 1.
  32. Rudolf Steiner: Exégèse de La Voix du silence de H. P. Blavatsky, in: R. Steiner: Anweisungen fur eine esoterische Schule. Aus den Inhalten der "Esoterischen Schule" (1904), Dornach 1968 (GA 42/245), p. 147s.
  33. Ibid. 149.
  34. Autres témoignages in: S. Cranston: H. P B., p. 191ss.
    Heinrich Dumoulin: Buddhismus der Gegenwart, Friebourg 1970, p. 53 ; 64 ; 73 ; 196.
    H. Bechert/R. Gombrich: Der Buddhismus. Geschichte und Gegenwart ; Munich 1984, p. 338s., 359.
  35. Voir H. P. Blavatsky: La Clef de la Théosophie, Textes théoso-phiques, 1983.
    fckLRVoir Willem A. Visser't Hooft: Kein anderer Name. Synkretismus oder christlicher Universalismus? Bale 1965, p. 44s.


10/11/2012
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