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NOUS SOMMES AIMÉS DANS LE FILS PAR LE PÈRE, AVEC L'AMOUR QUI EST LE SAINT-ESPRIT

« NOUS SOMMES AIMÉS
DANS LE FILS PAR LE PÈRE,
AVEC L'AMOUR
QUI EST LE SAINT-ESPRIT »
 
Eckhart, Sermon 75
Le troisième amour est divin. Par là nous devons apprendre comment Dieu a éternellement engendré son Fils unique et l'engendre maintenant et éternellement, dit un maître, et ainsi il l'engendre, comme une femme qui a mis au monde, dans toute âme bonne soustraite à elle-même, demeurant en Dieu. Cette naissance est sa connaissance qui a éternellement jailli de son coeur paternel et en qui il a toutes ses délices. Et tout ce qu'il peut réaliser, il le consume dans la connaissance qui est son engendrement et il ne cherche rien en dehors de lui. Il a toutes ses délices dans son Fils et il n'aime que son Fils et tout ce qu'il trouve en lui, car le Fils est une lumière qui a éternellement brillé dans le coeur paternel. Pour y parvenir, il faut que nous montions de la lumière naturelle dans la lumière de la grâce et qu'en elle nous croissions vers la lumière qu'est le Fils lui-même. Là, nous sommes aimés dans le Fils par le Père, avec l'amour qui est le Saint-Esprit, éternellement jailli et s'épanouissant dans sa naissance éternelle — c'est la troisième Personne — et s'épanouissant du Fils vers le Père en tant que leur amour réciproque. Le même maître dit : je pense parfois à la parole que l'ange adressa à Marie : « Je te salue, pleine de grâce. » A quoi me servirait-il que Marie fût « pleine de grâce » si je n'étais aussi rempli de grâce ? Et à quoi me servirait-il que le Père engendre son Fils si je ne l'engendrais aussi ? C'est pourquoi Dieu engendre son Fils dans une âme parfaite et il l'engendre afin qu'elle continue à l'enfanter dans toutes ses oeuvres [...]. Ainsi devons-nous être unis par l'amour du Saint-Esprit dans le Fils, et par le Fils connaître le Père et nous aimer en lui et lui en nous avec leur amour réciproque.
Alors que certains affirment qu'il n'y a chez Eckhart ni christologie, ni théologie trinitaire, ce texte vient démentir leurs assertions. Eckhart y explique, en effet, que « Dieu a éternellement engendré son Fils unique et qu'il l'engendre maintenant et éternellement » C'est là une remarquable synthèse de sa christologie et la mise en oeuvre de son célèbre thème de la naissance de Dieu dans l'âme, que son disciple Jean Tauler orchestrera magistralement dans son Premier Sermon. À la différence de Tauler, toutefois, Eckhart insiste moins sur les conditions de cette naissance, sur sa préparation que sur sa nature même, qui est l'oeuvre de la grâce et qui nous introduit à la vie trinitaire. C'est à cette introduction à la vie trinitaire qu'il exhorte, grâce au « Fils qui est une lumière qui a éternellement brillé dans le coeur paternel » et qui vient en nous. Il souligne également que la vie trinitaire risquerait de nous rester étrangère si elle n'était pas actualisée, si elle ne nous concernait aussi. Or, Eckhart va très loin sur ce point, en disant : « À quoi me servirait-il que le Père engendre son Fils si je ne l'engendrais aussi ? » Sans doute y a-t-il là quelque excès, mais Eckhart n'en vient pas pour autant au panthéisme, c'est une manière pour lui de parler, en quelque sorte de l'Incarnation continuée, de son actualité dans la divinisation de l'être humain, ce qui est, en fait, un thème paulinien. D'ailleurs, Eckhart n'omet pas de souligner le rôle de l'Esprit saint qui est l'artisan même de cette divinisation et qui réalise l'unité.


10/11/2012
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